Danielle SIMON Création
LE RAKU: une cuisson sacrée
Origine du RAKU
Née au 16eme siècle de la rencontre d'un maitre du feu d'origine Coréenne (Rakuchōjirō) et d'un maitre de la cérémonie du thé Japonais ( Sen no Rikyu) . Cette technique est dés son origine sacrée. L'objectif était de créer un bol à thé (chawan) , pièce unique, porteur des principe ZEN .
Cet art hautement spirituel était utilisé autrefois lors de la Cérémonie du Thé dont le rituel est étroitement lié à cette philosophie. Ainsi la beauté doit en premier lieu venir de la sobriété de la conception (le concept esthétique de wabi)
J'utilise en priorité les cuissons primitives reproduisant des gestes ancestraux.
Le raku est ma technique de prédilection. Cette cuisson d'origine japonaise signifie «bonheur dans le hasard». Elle allie l’art du feu et les 4 éléments. Tout dans le processus est affaire de révélation...
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La cuisson RAKU: un univers d'abandon de l'ego :
Les pièces sont toutes façonnées à la main à l'inverse des céladons et de la porcelaine chinoise où aucune irrégularité de forme ou de glaçure n’est tolérée, ici les déformations jouent un rôle essentiel : Certes la perfection est superbe mais n'est pas de ce monde. Les pièces malmenées par les forces de la nature et du temps ressemblent plus à notre humanité blessée par le temps et l'espace. Elles sont porteuses de vie et de la relation intime avec la nature.
Cela est amplifié lors de la cuisson au cours de laquelle la pièce subit des chocs à chaque fois différents... c'est au final toujours la nature qui a le dernier mot. C’est un monde de l’ordre du sacré, ou les révélations de la matières dépendent de forces qui transcendent l’ego...
" Nous passons tous dans notre vie par l'épreuve du feu. Choc, joie, passion, deuil, accident. C'est l'essence de la vie. Comme l'argile , nous sommes tous comme modelés par un esprit créateur puis vient le temps d' un passage par le feu qui nous malmène et nous rend unique: l'incarnation!"
Le Wabi sabi
Il y a des accidents qui métamorphosent la malchance en aubaine. La chance unique de ne pas restaurer à l'identique une situation initiale bancale, mais d'aller vers du neuf et de continuer autrement.
Et se rappeler toujours l essence de ce travail : Les contours du "wabi-sabi" sont ceux du Raku. Concept esthétique et spirituel japonais, très ancré dans la culture nippone : "Le concept wabi-sabi célèbre la beauté de l’imperfection et de l’impermanence, reflet même du cycle de la vie. C’est un principe selon lequel l’harmonie réside dans le naturel et la spontanéité et non dans l’absence de défauts. Ainsi, l’asymétrie, l’impermanence, les déséquilibres, les formes incomplètes et les cassures viennent sublimer les choses. "
Dans l’esprit wabi-sabi, on n’est pas dans l’erreur en produisant de l’imperfection, on ne se dégrade pas en vieillissant, on ne perd pas de son intégrité en s’abimant : on est et reste vivant, marqué par l’inéluctable passage du temps et transformé par les accidents, les fêlures, les mutations…"
Du bol au visage de l'invisible
En orient le RAKU est utilisé pour des bols cérémoniels. Quand l'occident découvre la RAKU c'est d'abord pour ses qualités graphiques de contraste (noir de l'enfumage, blanc craquelé des émaux). Dans mon travail , tout est utilisé pour rendre sensible l'invisible: l’émail brillant symbolisant la transfiguration, l'enfumage marquant les visages et la peau à l'image de l'incarnation, la terre, l'eau, l'air, le feu comme matière à la révélation
LE RAKU: La technique
La technique du raku est un procédé de cuisson. Les pièces incandescentes peuvent être enfumées, trempées dans l’eau, brûlées ou laissées à l’air libre. Elles subissent un choc thermique important et, dans tous les cas, expriment sous ces contraintes l’histoire de la terre, du feu et de l’eau.
La multitude des paramètres mis en jeu permet d’obtenir des résultats variant à l’infini, ce qui confère à la pièce, entièrement réalisée manuellement, la qualité d’objet unique.
Le raku est une cuisson basse température, les pièces émaillées sorties d’un four à environ 1 000 °C sont rapidement recouvertes de matières inflammables naturelles comme de la sciure de bois compactée afin d’en empêcher la combustion en limitant l’apport d’oxygène au contact de l’émail en fusion. Cette phase est la réaction d'oxydo-réduction au cours de laquelle apparaissent les couleurs plus ou moins métallisées, les craquelures ainsi que l’effet d’enfumage de la terre laissée brute qui forment les principales caractéristiques de ce type de céramique.
A Kyoto, la dynastie RAKU perpétue depuis le 16eme siècle cette tradition ancestrale ancrée à la philosophie Zen dont elle est issue. Par contre, le mode de cuisson caractéristique de la céramique Raku, exporté dans les années soixante aux Etats-Unis, puis, plus tard en Europe, s’est vu réapproprié par les céramistes occidentaux et a perdu ses racines philosophiques. Le RAKU est devenu une simple technique, apprécié pour son effet “magique” et son extraordinaire pouvoir de liberté dans la démarche créatrice. Elle recèle un potentiel d’expression indicible.
"Mon travail tente de se relier à la tradition japonaise en faisant un pont entre la philosophie du TAO, ma foi chrétienne et ma vision du sacré."